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Gratt' pap
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3 novembre 2007

Rien ne va plus !

85120432_photoBon, assez d'enfantillages et autres apologies de la glandouille sur ce trés sérieux blog entretenu par votre non moins sérieuse serviteuse (toujours pas vérifié...). Passons donc un peu à la Coulture, (non, Kaloo, pas la couture, la Kuuultur ! ) et dissertons autour de mon dernier livre lu, "Le Joueur"... oui, oui, bien celui du sieur nommé Dostoievski, qui vous terrorisa dans vos jeunes années de collégien !

Gloupps..., ça rigole moins déjà là, hein ? Bon, rassurons nous de suite, le livre est un petit ouvrage de 122 pages (et demie, trés précisement), et est disponible pour nos camarades fauchés étudiants pour la modique somme de 2 € chez Librio ! Aucune excuse, à vos livres !

Bon, cette lecture n'est certes pas de ma part une lubie gratuite et russophile, mais un support que j'ai choisi pour mener à bien mon mémoire. Mon mémoire, non pas cette petite chose capricieuse logée dans votre caboche (et souvent défectueuse sur certains plans chez nos amis les zommes... hum, hum, mesdames, mesdemoiselles, vous devinez bien, vous, quels plans, n'est-ce pas...!), mais THE mémoire, la terrrrrreur innommmable des étudiants, ce petit opuscule à rendre en fin d'année quand vous atteignez le niveau Master (comme dans les jeux vidéos, oui), à soutenir de surcroit devant quelques professeurs aux dents acérées... ahhhhhhh ! Maman, j'ai peur !!

Voilà, je divague, je divague, bref, trèfle de plaisanteries (comme disait Pépin... hum, Rocknrol, spéciale dédicace pour toi!), et revenons au sérieux, je travaille donc cette année pour mon mémoire de psycho sur les relations entres addictions et mélancolie. Bien, c'est du lourd, vous voyez... Le hic, c'est que je n'ai pas de "clinique", ce qui désigne dans notre jargon, des sujets à étudier, des patients à observer. C'est assez c**, exact. Mais, ne me laissant pas décourager, je décide de prendre ma clinique parmi nos chers spécimens auteurs littéraires et autres artistes en tout genre, qui présentent souvent avec talent et perspicacité de grands tableaux cliniques comme les psy aimeraient en rencontrer.


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Mon premier patient sera donc ce petit livre, Le Joueur, écrit par Fiodor Dostoïevski en 1866. Comme son titre l'indique, il va être question de la passion du jeu, décrit dans toute la frénésie insensée qu'elle peut susciter jusqu'à entraîner ses victimes dans le plus grand désastre.

C'est aussi et d'abord une plongée dans un monde bourgeois pour le moins vénal qui se retrouve à Roulettenbourg, en Allemagne. Le héros, Alexis Ivanovitch travaille pour le compte du Général, vieillard amoureux fou d'une Mademoiselle Blanche intéréssée par un éventuel mariage à condition qu'il hérite de sa richissime mère mourante, que tout le monde apelle la Babouschka... Alexis est le précepteur des enfants de la belle-fille du Général, Paulina. Et Paulina est tout le drame de la vie d'Alexis, éperdument épris de cette femme qui se moque de son dévouement, le manipule, le traite avec mépris ou arrogance, jouant des sentiments du jeune homme pour elle. Le jeu, la roulette en l'occurence, est pour Alexis, pauvre et méprisé pour cette raison ( entre autre par Paulina) une manière d'acquérir une dignité, de devenir un "homme" dit-il, et peut être ainsi intérésser enfin Paulina. Sauf que le jeu va gagner, Alexis qui y joue sa vie va perdre, perdre l'amour de Paulina qu'il aurait pu avoir finalement. Voilà donc l'histoire générale du Joueur, raccourcie ici de façon éhontée et passant moult détails faisant le charme du livre (pleins de stratégèmes, coups bas sordides autour d'un héritage, de dettes du Général envers un petit Français caricatural, d'amours intéréssés etc.)

Concernant le jeu, son aspect pathologique, on trouve une description trés sensitive des émotions qui peuvent traverser un joueur et le talent de Dostoïevski est de permettre au lecteur (pas forcément joueur, comme moi) de rentrer au plus profond de l'esprit du joueur, de ressentir avec lui la fureur d'un toujours plus morbide, cette mécanique qui fait que l'on veut toujours retenter une dernière fois sa mise pour au moins regagner ce qui a été perdu, retenter le diable, retenter la chance, y croire toujours encore un peu, jusqu'à ne plus voir le temps qui passe, l'argent qui file, la raison qui cède la place à la folie. Et se dire, comme Alexis qui conclut l'ouvrage, "demain, demain, tout finira..."

La folie du jeu, on la retrouve chez Alexis donc, mais aussi de façon plus "folle" chez la babouschka, la grand-mère richissime excentrique, qui, bien loin de la mourrante que le Général souhaiterait qu'elle soit, vient rendre visite en grande pompe à ce petit monde à Roulettenbourg et demande à Alexis, le seul qu'elle ne considère pas comme un imbécile, de lui apprendre à jouer. Et on la voit au fil des lignes se perdre dans la folie de l'excès, brûler toute sa fortune (et donc l'héritage potentiel du Général, à son grand désespoir, ruinant de fait toute possibilité de mariage avec sa chère Mademoiselle Blanche, si vous avez bien tout suivi !), se laisser emporter dans une passion monomaniaque, où désormais seule la roulette importe, où tout l'argent possible passera, jusqu'à la ruine.

dostoievski_fedorDans ce livre bien russe, toute la folie humaine (et pas seulement celle du jeu) est incarnée avec tout son tumulte, sa tragédie, et on sent les pages s'imprégner d'un chaos déraisonné, comme une chute vertigineuse, une décadence qui emporte tout, une force où les limites, la raison, la sagesse sont repoussées au plus loin. L'impression pour le lecteur est étrange et excitante, on se laisse prendre dans ce tourbillon. C'est que Dostoïeski (ci-contre) a mis beaucoup de lui-même dans ce roman, on pourrait presque (et pour certains assurément) y lire une autobiographie, l'auteur étant lui-même un joueur enfièvré qui s'endetta, vécu dans l'instabilité et l'errance, amoureux d'Appolinaria Souslova, étrange double de la Pauline du Joueur, qui refusa de se marier avec lui.

En fermant ce livre, on ne peut que se demander pourquoi joue-t-on ? Que cherche-t-on ? Ce livre nous démontre qu'il ne s'agit pas certainement pas de simplement de s'enrichir (la Babouschka était déjà trés riche), mais quoi donc alors ? Point de réponse claire ici, sans doute est-elle à chercher dans l'histoire singulière de chacun. Me concernant, dans le cadre de mon travail de mémoire (d'orientation psychanalytique), je chercherais du coté d'un vide archaïque, d'une fêlure ancienne, d'un désir sans nom. Mais bon, là ça devient trop théorique et ésotérique, je vous en reparlerais plus tard !

Vous voulez le lire vous aussi ? Le voici !

Le joueur

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Commentaires
E
Merci de ton commentaire sur Et Nietzche a pleuré.Et bienvenue dans le monde torturé ce Fedor Dostoïevski avec ses joueurs,ses idiots,ses humliliés,ses offensés,ses crimes et ses châtiments.Un auteur titanesque dont on sort toujours coupable.A bientôt j'espère.
K
Cette folie est sans frontières puisque nous avons pu y assister aux casinos de Las Végas...et c'est pathétique, nous en convenons bien! <br /> Pour la cause, ou la raison pour laquelle on devient joueur...ma foi, l'esquisse de ton explication me laisse.... euhhh...(j'ai rien pigé, on est d'accord :-D )<br /> Mais je compte sur toi pour nous pondre un ptit article super bien écrit où d'un coup on comprend tout ce qu'on a rien pigé jusqu'à présent sans s'en rendre compte :-D hihihihi!
R
Ayant vu la tristesse dans les yeux des gens qui jouent au bandit manchot au casino de Villerville, ( je ne sais pas si tu t'en rappelles ) et la gestuelle quasi mécanique de leur comportement, on peut imaginer en effet que les motivations soient d'ordre pathologiques, peut être pour oublier quelque chose mais quoi ? Jusqu'à preuve du contraire...
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