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Gratt' pap
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16 novembre 2003

Star anemy ?

Trop récurrents, jamais originaux, énième égrainement de lieux communs que tout le monde a désormais appris par coeur afin de ne surtout pas être pris pour le mouton TF1-isé stigmatisé de toutes parts(ou plutôt la moutonne, cette fameuse ménagère de moins de 50 ans !). Voilà ce que sont aujourd'hui les débats autour de la télé-réalité, et des concepts vaseux made in Endemol (la boite qui imagine ces merveilleuses émissions)- qui d'ailleurs semble avoir inscrit dans son nom même ses effets ravageurs : la fin des idéaux (end ?) et amollissement des cerveaux (mol ?).

Bon, trêve de jeux de mots aussi médiocres que le sujet, je voulais en fait dans ces lignes non pas vous relater avec un cynisme un peu trop facile, à la manière de ces pseudo-intellectuels élitistes, les coulisses de cet internement volontaire et médiatisé qu'est la Star Ac'.

Non, je voulais évoquer simplement quelques secondes du dernier prime time de l'émission, que je n'ai pas vu en direct mais que, dès que je fus informée de l'évenement (euh, j'exagère peut être..) qui s'y était tramé, j'ai visionné dans la soirée suivante, puisque TF1 est prévoyante pour les infidèles de mon espèce, et diffuse donc chaque soir à notre intention un résumé, qui reprend les images essentielles (j'exagère encore ?) de la veille, avec bien sûr pour nous aider, ces merveilleux sous-titres explicatifs (du genre, "Patxi prend son petit déjeuner" )qui, même pour des sourds, font figure d'insultes à leur capacité intellectuelle... Ahhhh ! J'ai dit pas d'élitisme facile ! ! ! Mea culpa, je ne le referai pas.

Ce soir là donc, Pierre, un participant qui semble être un (fausse ?) erreur de casting, puisque assez indépendant et rebelle (ah, son piercing à l'oreille, summum de la rebellion non ?), vient de chanter Bohemian Rhapsody, en costume d'époque, genre courtisan de la cour Royale.. Et puis Nikos, toujours aussi paternel, le félicite pour sa performance. Le candidat piercé saisit sa chance, et opère en direct un superbe coup médiatique, qui à coup sûr lui assurera une carrière encore plus fulgurante que s'il avait été vainqueur. Alors, c'est quoi ce coup ? Il a en fait simplement annoncé sa décision de quitter le château de la Star Ac', mais avec des mots qui m'ont vraiment interpellée. Ainsi, à Nikos qui tentait de le retenir sur la plateau, sûrement assailli par son oreillette, le bon Pierre a répondu : Je n'attend pas qu'on me donne ma liberté, je la prend. Je pars comme un prince".

J'accuse le coup. A la Star Ac', haut lieu symbolique de l'anémie collective, du conformisme rampant, voilà qu'est proclamée une déclaration d'indépendance ! ! ! Wahou !.. tout de suite, méfiante comme je suis, je flaire le coup médiatique, le scénario pré-écrit pour booster les futures audiences.

Vrai ou pas, je n'en sais rien. Je soupçonne, comme tout le monde. Mais si je mettais de côté mes doutes, alors je vois là une magnifique dénonciation, en live, des dérives de nos sociétés. Pas celle de vouloir à tout prix être célèbre, ça a touujours existé, mais celle qui conduit chacun a vivre sous de multiples pressions que seuls le Lexomil et le Prozac savent dissimuler. Cette pression du résultat, du rendement toujours meilleur, des évaluations permanentes, et la menace sans cesse renouvellée de perdre sa place. Cette pression qui détruit certains élèves "fragiles" des grandes Ecoles, qui conduit des cohortes de salariés pressurisés chez les psys, qui produit au Japon ces nouveaux "hikimori" (adolescents qui s'enferment dans leurs chambres pendant plusieurs années en refusant tous contacts même avec leurs parents)...

Si c'était ce message que Pierre avait pu faire passer, j'en serais heureuse. Mais qui saura le déceler ? ou plutôt à qui laissera-t-on la possibilité de le souligner ? On dit déjà que c'est le système d'enfermement de la télé-réalité qu'il n'a pas supporté, sans jamais étendre ces observations à la société réelle elle-même, où chacun est enfermé, sous pression.

Mais la cocotte minute qui subit trop de pression, que lui arrive-t-il ?

J'attends. La liberté a toujours gagné.

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